Pour la ferme de belle et doux, aucun assainissement n’existait sur le terrain. Impossible de brancher la maison sur l’assainissement collectif de la commune.
Il a donc fallu penser à une solution afin de traiter les eaux usées. Après pas mal de lecture et de renseignements, et vu le terrain pentu dont nous disposons autour de la maison, nous avons jeté notre dévolu sur un assainissement planté conçu par la société Aquatiris. L’avantage d’un tel système est qu’il peut être auto-construit et fonctionne très bien et permet donc une filtration de l’eau efficace. En outre, ce système nécessite un entretien réduit (fauchage des plantes 1fois/an) et fonctionne par gravité et sans électricité.
L’étude préalable
Afin d’être certain que cette solution soit validée par le SPANC (Service public d’assainissement non collectif) de l’agglomération où vous êtes implanté, il faut mener une étude et faire valider cette dernière par la communauté de communes. L’étude a été réalisée par un spécialiste affilié à Aquatiris.
Pour calculer la surface de filtration, il faut compter le nombre d’équivalents habitants. Dans notre cas, cet équivalent devait donc prendre en compte notre habitation principale et celle du gîte. Nous sommes donc parti sur 8 équivalents habitants. Ce nombre peut être divisé par deux si vous optez pour des toilettes sèches. C’est ce que nous avons retenu ce qui fait que nous allons pouvoir partir sur un bac de filtration de 2x4m sur une hauteur d’un mètre, soit 8 m² de surface.
Après l’étude, un rapport est fourni, cette étude sera la clé pour faire valider votre projet au SPANC. Le technicien Aquatiris Axel ROY s’est occupé de toute cette partie étude et conception et nous le remercions pour son travail.
L’étude nous a coûtée environ 550 € TTC. Le technicien est venu une heure sur le terrain pour valider l’emplacement et vérifier la perméabilité du sol. Après avoir creusé un trou d’environ 50 cm, un volume d’eau a été mis dedans afin de compter le temps d’infiltration. Le sol doit pouvoir gérer une infiltration minimum et notre sol est plutôt drainant et la pente favorise également ce paramètre.
Notre dossier a été rapidement validé par l’agglomération qui nous a demandé quelque chose comme 50 € pour le valider. Il faudra également prévoir une livraison avec le service SPANC qui viendra vérifier le bon fonctionnement du système d’épuration des eaux grises.
Partir sur une autoconstruction ?
L’auto-construction est privilégiée de notre côté car l’accès n’est pas simple et que nous souhaitions nous investir sur ce projet. Cela permet également de limiter les coûts d’un gros tiers et peut être de moitié dans nos conditions difficiles d’accès. Classiquement, un projet de 4 équivalents habitants coûte 12000 € si vous faites tout faire par un spécialiste. Comme vous pouvez le visualiser ci-dessous, la filière Aquatiris est à environ 15 mètres en contre bas de la maison. Le filtre vertical sera séparé en deux zones qui tour à tour récupérent les eaux grises.
Un coût relativement maîtrisé par rapport à d’autres solutions
En parlant de coût, sur notre projet de 4 équivalents habitants, nous avons un technicien certifié Aquatiris qui nous a fait un devis concernant la fourniture du matériel et un suivi de chantier. La somme de 6000 € TTC a été ventilée pour moitié sur le matériel. Il faudra ajouter à cette somme le terrassement du trou, de la tranchée et dans notre cas la création d’un bassin en parpaings.
Réalisation de l’assainissement
La réalisation de l’assainissement sera effectué courant printemps 2022. Après le trou et la tranchée d’épandage, nous allons créer un bac de 2x4m sur un mètre de hauteur en parpaing. Il y aura aux angles des chaînages verticaux et un chainage horizontale viendra durcir le bac et tenir la bâche étanche. Ce système auquel je pense se base sur la méthode que Stéphane de la chaîne Youtube La clé des champs.
Terrassement et construction du bac en parpaings
Le terrassement sera fait avec une pelleteuse et à la main afin de pouvoir y monter le bassin sur une fondation de béton ciment armé. Il faut en théorie compter environ 78 parpaings classiques, une vingtaine de parpaings d’angle et environ 25 agglos de chainage pour faire un bac avec une surface intérieur de 8 m², soit 4X2 m. Les parpaings d’angles serviront à renforcer l’ensemble car ils seront ferraillé et un béton sera coulé dedans. Les parpaings de chainage viendront rigidifier le dessus et serviront également à bloquer le liner permettant l’étanchéité du bac. Par dessus, nous poserons une margelle et enduirons le mur d’un enduit à la chaux.
L’inspiration de cette méthode vient de la chaîne Youtube « La clé des champs » et son Timelapse de construction. Merci à Stéphane pour cette vidéo et ses autres vidéos toujours pertinentes !
Épandage
A la suite de la filtration principale, l’eau s’évacue du bac et tombe dans une tranchée d’épandage de 6 m2. 30 cm de cailloux sont entreposés sur une longueur de 6 m et d’une largeur d’un mètre. Un regard de contrôle sera ajouté et un géotextile viendra protéger les cailloux avant la mise en place de la terre.
Préparation des Travaux
Vu notre pente et après la première visite du technicien Aquatiris, nous avons fait en sorte qu’il y ait bien un rang de parpaing dépassant le niveau du sol côté pente afin d’éviter que des ruissellements viennent parasiter le bon fonctionnement de filtre.
Nous avons pensé et acheminé les matériaux pour construire en attendons que notre terrassier vienne faire les trous. Nous devons également faire venir des granulats compatibles avec le filtre. A priori, il faut bannir les pierres trop calcaire et pour le sable c’est encore plus compliqué. Ainsi, le sable nous sera fourni par notre conseil et les autres granulats seront commandés auprès de la carrière FAMY à Lancrans.
Il faudra compter environ
- 1.2 m3 de sable
- 4 m3 de 0/32 pour le bac et la zone d’épandage
- 2 m3 de 4/11
J’en ai profité pour commander du mélange à béton pour la réalisation des fondations et du sable à maçonner pour maçonner les parpaings.
Travaux de construction (juillet et août 2022)
La venue de la société AATP mi juillet à permis de créer entre autre, le trou du bassin Aquatiris et nos vacances du mois d’août ont été mises à profit pour nous lancer ! Le père de Loïc est venu en renfort sur ce chantier et nous le remercions pour son aide précieuse !
Les fondations
La première étape, après la création des trous à la mini pelle a été de créer des fondations en béton armé pour poser nos parpaings dans de bonnes conditions. Pour cela, nous avons coffré au mieux le rectangle de 4m*2m intérieur et posé du fer à béton et noyé le tout dans plusieurs cm de béton. L’accès en dessous de la maison étant compliqué, c’est à la brouette manuelle que le béton a été descendu et ce, à la sueur de mon front 😛 ! Nous avions pas mal de pente et un côté sur la roche. Sur ce côté, seul des fers à béton ont été posés et sur les autres côtés, une armature de chaînage de 10 cm a été posée.
Pose des parpaings
La pose des parpaings commencent par le premier rang qui est délicat car c’est lui qui va conditionner la bonne suite des travaux. L’idée est d’essayer d’avoir un rectangle respectant bien les dimensions attendues à savoir 4m par 2m intérieur. Pour nous laisser un peu de souplesse, notre conseiller Aquatiris nous a recommandé de faire 4m et 3cm par 2m et 3 cm afin que les grilles qui viendront fermer le bac ne soient pas trop serrées.
Pythagore, notre allié
Pour obtenir ce rectangle aux bonnes dimensions et parfait, nous avons utilisés la formule permettant d’obtenir les diagonales et donc l’hypoténuse qui est ici d’environ 4.51 m. C’est ainsi que nous avons pu poser et coller les 4 premiers angles. A chaque angle, un parpaing de chainage d’angle est posé ainsi qu’un parpaing classique. Nous vérifions les niveaux pour que tout concorde et voilà nos 4 angles sont prêts ! La colle est dosée comme suit : 1 seau de ciment pour 3 seau de sable 0/4.
La suite est de répéter ce travail sur 3 autres rangs en croisant les parpaings classiques et ceux de chaînage ce qui engendre quelques petites découpent. Nous percerons aussi les angles au forêt béton pour enfoncer des fers à béton dans les angles.
Nous travaillons tôt car en cet été, même à cette altitude, il fait trop chaud l’après-midi pour maçonner. Après plusieurs matinées, nous voilà au dernier rand soit un peu plus d’un mètre avec les joints. Le dernier rand est composé de parpaings en U. Ces derniers font faire office de coffrage afin de chaîner l’ensemble avec un fer à béton de chaînage. Les angles sont coulés de béton ainsi que les U. Le devant n’est pas coulé car les tuyau pvc 100 mm viendront traverser ce dernier rang un peu plus tard.
Avant de remplir la face de l’arrivée de l’eau à traiter, nous avons posé le regard de distribution et passé les tuyaux pvc 100 mm au travers de ce dernier. Le regard de distribution permet d’envoyer l’eau à droite ou à gauche du bac de filtration tous les 15 jours. Le bac sera séparé en deux avec une grande dalle en béton non étanche.
Pose des géotextiles et de l’EPDM (la bâche)
Avant de poser la bâche, nous avons ajouté des cailloux en fond du bac pour remonter au niveau du bas du premier parpaing. Ensuite, pour affiner le tout, des graviers 0/16 ont été posés avec une pente d’environ 2 % vers la sortie du bac. Enfin, le géotextile fourni par le kit Aquatiris a été posé afin de ne pas abîmer la bâche. Ce géotextile très épais protège le sol mais aussi les côtés.
Concernant la pose, nous avons été aidé par notre conseillé Aquatirs Guénaël RIVAT car c’est assez délicat.
Un trou au cuter est effectué dans le géotextile au niveau de l’évacuation précédemment creusée dans le parpaing.
Une fois posé et pliée (les plis sont passés à l’arrière de la bâche), la bâche est maintenue temporairement avec des serres-joints. Le trou de l’évacuation est alors déterminée sur la bâche et le kit d’étanchéité est visée sur la bâche. Ensuite, le cuter vient ouvrir ce trou.
Mise en place de la ventilation et du drain
Avant de remplir le bac de cailloux, gravier et sable, il faut poser le drain. Ce drain va évacuer l’eau vers la zone d’épandage en contre bas. Ce drain doit être également ventilé par deux remontées en pvc 100 mm classique. Les ouvertures du drains sont vers le sol. Des chapeaux viendront prendre place plus tard. Attention a ne pas monter trop haut les tuyaux sous peine de devoir les redécouper lors de la mise en place des grilles. Au niveau de la sortie, un coude en T + un coude à 45° a été utilisé et de l’autre côté, deux coudes de 45° ont permis de faire le travail.
La tâche titanesque du remplissage du bac Aquatiris
L’accès à notre bac de phyto-épuration Aquatiris est délicate. C’est aussi pour cela que nous nous en sommes occupé. Les graviers vont permettre la filtration et ce n’est pas moins de 5 m3 de matériaux qu’il va falloir emmener.
En bas, 20 cm de cailloux 4/10 cm sont à poser. Ajoutez à cela 25 cm de gravier 16/32 mm et 15 cm de sable ! Les bigs bags ont été commandés à la société SAMSE et ont été livrés en big bag et posé tout en haut de la propriété. Il a fallu aller les pelleter à la brouette à moteur, les descendre et de nouveau les pelleter pour venir benner à la brouette manuelle.
Cela fait du sport je vous assure ! Attention, toutes les carrières ne conviennent pas, demandez conseil auprès de votre prestataire Aquatiris. Pour les cailloux, graviers, nous avons pu trouver localement mais pour le sable, c’est le technicien affilié Aquatiris qui nous a livrer les 1.2 m3 nécessaires. En effet, un sable non adapté serait fatal pour la filière. Trop calcaire il se mettrait à « fondre » formant une croute en surface si vous envoyez du vinaigre.
Une séparation en béton.
Dans la concéption Aquatiris, les bacs sont séparés par un bloc de béton que l’on pose sur le gravier. Ce bloc est donc enterré de 15 cm de sable.
Regard, répartiteurs et alimentation
Un regard de répartition est posé en amont du bac. Ce regard permet d’alterner l’envoi de l’eau à traiter. Il est demandé d’alterner tous les 15 jours pour avoir des phases plus sèches. C’est plus important si vous avez les eaux des wc ce qui n’est pas le cas chez nous Les tuyau doivent arriver au dessus des répartiteurs plastiques (que l’on rempli d’un peu de cailloux pour les lester). Il doit y avoir une chute minimum de 10 cm et ils doivent être placés eux mêmes à 10 cm du mur environ pour assurer une bonne répartition.
Le regard est percé derrière et un joint est posé pour enfiler le tuyau pvc. J’ai percé ce dernier avec une scie cloche de 112 mm soit 12 mm de plus pour que le joint puisse ensuite laisser passer le tuyau. Ensuite, le réseau de tuyau remonte jusqu’à la maison. Bien-sûr tous les tuyaux, coudes pvc contre pvc sont collés à la colle spécifique PVC.
Suite à la pose des tuyau, nous avons pu terminer de couler le béton dans le chaînage horizontale. Une fois sec, nous avons pu fixer des lambourdes traitées classe 4 afin de tenir la bâche et les géotextiles. Ces lambourdes vont également servir à soutenir les grilles qui viendront se poser sur le bac. Ces grilles seront soutenues également par 2 profilés en T et une autre lambourde qui sera fixée au milieu car Aquatiris ne fourni pas ce troisième profilé…
La zone d’épandage de 6 m2
La zone d’épandage reçoit l’eau filtrée pour la répartir dans le milieu naturel. Dans notre cas, il y avait besoin de 6 m2. Un regard vient récupérer les eaux avant de les envoyer vers un drain dans les galets. 20 cm de galets sont posés, le drain vient en pente se poser dessus et de nouveau 10 cm de galets sont posés. Un géotextile vient recouvrir le tout avant de mettre 10 cm de terre. Il faudra ici également 1.8 m3 de galets pour finir le travail !
Conclusion de cette auto-construction d’un filtre Aquatiris
Au final, la construction ne présente pas de difficultés majeures. Pour autant, il faut être plutôt bon bricoleur et l’accompagnement d’un professionnel aide vraiment pour les petites astuces mais aussi pour la phase de la pose de l’EPDM. L’aspect physique, surtout dans notre contexte fait que ce n’est pas forcément accessible à tous mais quel fierté d’avoir réussi ce tour de force !
Le matériel fourni par Aquatiris est de bonne qualité et nous sommes heureux d’avoir misé sur cette filière d’épuration car elle nous permettra d’épurer nos eaux grises de façon satisfaisante tout en étant 100% autonome. En effet, le système demande en effet aucun moteur car fonctionnant par gravité et l’entretien est quasi nul (entretien des roseaux une fois par an, désherbage au début). Nous ferons par contre attention de ne pas financer le traitement de nos eaux usées par l’assainissement collectif – qui ne fonctionne d’ailleurs que très mal dans la commune en 2022…
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