La ferme de Belle et Doux n’était pas connectée au réseau routier à notre arrivée. C’est pourquoi lors des 3 premières années, nous avons utilisé un 4X4 pour pouvoir nettoyer et commencer certains travaux. L’ancien accès à la maison s’effectuait autrefois par un petit chemin en contre bas de la maison. C’est pourquoi, l’habitation de la maison s’effectuait par le bas. Le haut de la maison hébergeait des chambres et la grange.
Notre projet par-contre demande un accès par le haut et le chemin d’accès doit se faire par l’ancienne route communale puis à travers champs. Lors de l’achat de la ferme, la parcelle qui nous connecte à l’ancienne route n’est pas très large et pentue. Nous avons donc demandé à nos voisins du dessus de nous accorder un droit de passage sur une parcelle contigüe ce qui offre un peu plus de largeur afin d’effectuer deux virages dans la pente. Finalement, nous validons l’achat de trois parcelles ce qui nous permettra de créer un chemin ayant une forme de virgule et qui sera bien plus efficace au quotidien.
Nous nous étions toujours dit qu’un jour ou l’autre, nous viendrions nous établir dans le haut jura. Quand, comment, rien n’était établi et la vie est ainsi faite ! Ce choix était dû à nos nombreuses aventures à pied, à vélo ou en raquette dans le haut-Jura. Vous trouverez le récit de nos aventures sur notre site www.partir-en-vtt.com ! Nous étions à l’époque base à Lons-le-Saunier. A la suite de toutes ces aventures, nous avons fait paraître un guide de randonnées « Nos plus belles balades sur les sommets du Jura » chez les Éditions Gap.
Puis, nous nous sommes installés sur Besançon en construisant une maison ossature bois. En parallèle, nous cherchions à acquérir un corps de ferme dans le Haut-Jura afin de le réhabiliter sur les années et ainsi en faire une « maison secondaire » pour plus tard y venir. Nous avons cherché deux ans avec une déception sur une ferme vers Longchaumois puis, le déclic est arrivé pour une maison sur la commune de Belleydoux, située dans le département de l’Ain.
Trouver une maison en pleine nature
Pour ce choix, nous avions été conseillé par un spécialiste du vieux bâti et qui nous avait fait dit que le bâtiment était sain et que vu qu’il n’avait pas été modifié avec du béton, il serait plus facile de le réhabiliter. Sur ces conseils et vu que la maison nous correspondait, nous avons fait une offre et fait l’acquisition dans la foulée. Le projet « maison du Haut-Jura » était donc lancé et devenu réel ! Concernant les parcelles, il y a un peu plus d’un hectare de prairies autour de la maison et plus de deux hectares de forêts à proximité. La rivière la Semine, une magnifique rivière coule en contre bas du terrain. Le canyoning est une des activités possibles par ici !
Changement de projet
Entre temps, le COVID19 aidant, nous avons envisagé un autre projet pour cette bâtisse au Bas Belleydoux. En effet, après une bonne réflexion, nous redirigions le projet de maison secondaire en maison principale et pour cela, nous avons du vendre notre maison de Besançon pour financer ce projet colossale. A cette date, nous sommes une famille de 4. Nous avons deux enfants de 4 et bientôt 7 ans.
Objectifs
Vous remarquerez le pluriel du mot objectif car c’est au moins un double objectif que nous visons. Le premier est le retour à la nature, à la terre avec comme envie et nécessité de réapprendre à rendre vers une autonomie alimentaire. Pour ce point, nous miserons sur notre jardin forêt mais pas que évidemment. Le second est la transmission de ces méthodes à nos enfants dans l’optique d’un réchauffement climatique et potentiellement à un changement sociétale profond suite à ce réchauffement ou à un problème d’accès à l’énergie bon marché que le pétrole nous permet encore actuellement. Des choses plus simples donc mais clairement pas dans une envie d’être déconnecté de la société et des gens. C’est pour cela qu’un gîte ouvrira ses portes dans cette ferme afin de partager, d’échanger et pourquoi pas de créer un réseau de personnes partageant cet état d’esprit.
Cet article reflète la seconde étape après l’achat de la ferme. Nous sommes alors en 2019. Nous avions négocié le prix de la ferme et de ses terrains en mettant en avant qu’il y avait beaucoup de bazar dans la ferme et que nous nous en occuperions. C’est ainsi qu’au premier été, nous avons avec Florence procédé au nettoyage de la ferme et cela nous a pris tout de même 15 jours ! Équipés d’un 4×4 (vu qu’il n’y a pas de chemin d ‘accès), d’une remorque, de gants et masques à cartouches nous attaquons le nettoyage.
La partie grange est plutôt en bazar avec encore un joli volume de foin que nous sortons à la fourche et à la brouette sous une pluie de poussière fine, vive les masques à cartouche !
Nous trouvons également de nombreux objets plus ou moins étonnants, comme de vieilles chaussures pour enfants avec des crampons sous les semelles. Eh oui, les hivers il y a quelques dizaines d’années n’étaient pas les mêmes !
On trouve également de vieilles charrues, des lits, des armoires et même une ancienne luge à traction animale. Nous effectuons un voyage dans le temps avec un certain intérêt ! Nous trouvons même des informations sur les différentes personnes ayants vécues dans la ferme avec des diplômes notamment.
Une table de tailleur de pierre
Sur la partie habitation, nous évacuons de vieux meubles et trouvons un meuble étrange qui, après quelques recherches s’avère être une table de tailleur de pierre. En effet, dans le secteur du Haut-Jura, et notamment autour de Saint-Claude et en hiver, les habitants pratiquaient la taille de pierre, on parle de taillanderie. L’hiver s’y prêtait bien car les volumes de neige empêchait les déplacements.
Sur le bas, nous dégageons aussi le four à pain qui à priori est en bon état ! L’aspirateur professionnel nous aide beaucoup, le tout est alimenté par un groupe électrogène car nous n’avons pas encore remis le courant à la ferme.
Tous les déchets sont emmenés à la déchetterie d’Oyonnax afin de valoriser au mieux tout cela, notamment pas mal de métal. Enfin, après pas mal d’efforts, nous y voyons plus clair, les volumes apparaissent mieux et nous comprenons maintenant bien la maison et ce lieux qui deviendra plus tard notre maison et un gîte pour les amoureux de la nature.
Pour commencer le travail de conception et penser la rénovation, notre architecte a demandé d’effectuer un relevé 3d intérieur et extérieur de la ferme à l’état zéro. Cela permettra de comprendre très précisément comment la ferme est construire afin de réaliser des plans tout aussi précis ! M. Colin Bouriquet de la société Création conseils est ainsi venu une journée pour faire ces relevés.
La technologie utilisée est celle des relevés via un scan qui via un laser vient générer ce que l’on nomme un nuage de points (point cloud). Le laser vient frapper les différentes zones du bâtiment et permet ensuite via des traitements logiciels de représenter ce dernier en 3D (3 dimensions).
Notre architecte va ensuite partir de ce relevé pour créer des plans 2D et 3D de l’habitation et nous faire des propositions d’aménagements en fonction de nos besoins et de notre budget (le nerf de la guerre!). Cela permettra également de calculer les volumes, les surfaces et ainsi chiffrer; à l’aide d’un économiste les différents matériaux à acquérir.
Relevé par drone
Colin nous a fait le plaisir de faire voler son drone afin d’acquérir une vue aérienne très précise de nos parcelles. Cela lui a permis de générer ce que l’on nomme un MNE (Modèle Numérique d’Élévation). Ce modèle représente les altitudes des différents objets. A la différence d’un MNT (Modèle Numérique de Terrain), ce rendu valorise les hauteurs de la végétation. Ce rendu est également disponible en vidéo en bas de page !
Vue aérienne très précise !
Le drone a donc permis de faire un relevé 3D mais également de créer une vue aérienne géolocalisée. On reconnaît bien la maison ainsi que les plantations via les petites zones de paillage !
Un des objectifs de notre venue sur ce coin de nature qu’est le haut Jura est de créer un lieu productif en fruits et légumes et quoi de mieux pour ce faire d’envisager rapidement la création d’un jardin forêt ! Nous sommes situé à 750 mètres d’altitudes, avec la majorité des parcelles orientées Sud/Sud-Ouest. Le climat est assez marqué entre les saisons du fait de notre position en altitude. Notre zone de rusticité est associée à la classe (USDA) 7a ce qui peut nous apporter des températures jusqu’à -18 °C. La neige semble être encore présente chaque hiver mais aux dires des anciens, ce n’est vraiment plus beaucoup en quantité par rapport à il y a 50 ans. Nous avons tout de même vu en 3 années des accumulations parfois assez importantes (60 cm). Le réchauffement climatique est indéniable et c’est aussi pour cela que nous avons cherché un lieu à moyenne altitude.
Un jardin forêt, kesako ?
Le jardin forêt est un concept assez récent, un peu connecté au mécanisme de permaculture. L’idée est d’imiter les capacités de la nature à créer une forêt sauf qu’ici l’objectif est de créer une forêt productive pour redevenir davantage un cueilleur. Les arbres ont l’avantage d’être souvent très productifs sans avoir à faire beaucoup d’entretien comme c’est le cas sur un jardin potager. L’autre aspect est bien évidemment d’avoir une diversité maximum de végétaux afin d’obtenir une abondance et une résilience si jamais, par exemple il faisait trop chaud ou trop froid une année.
Connaissances
Avant de nous lancer et même si nous possédions des connaissances sur le jardin et les plantes, nous avons pris le temps de nous renseigner sur le concept des jardins forêts et de la permaculture au travers d’ouvrages et de vidéos sur Internet. Dans ce domaine, nous recommandons fortement la lecture du livre de Damien Dekarz
Nous avons également parcouru d’autres livres notamment des livres de chez Rustica et le très bon guide sur Vivre en autonomie, qui apportera d’autres axes que la seule forêt (poules…)
Le design
Le design en permaculture ou en jardin forêt a évidemment son importance. Selon la topographie des lieux, de votre sol, de vos parcelles, de votre orientation, de votre climat et de vos envies, il faudra envisager un design. Le design est quelque chose d’assez technique tant les paramètres à prendre en compte sont nombreux. De notre côté, nous avons assez longuement réfléchi sur la disposition des différents végétaux, du futur jardin etc en fonction de nos parcelles et de leurs qualités et défauts. Ce que je pense également c’est que rien n’est jamais figé et qu’en fonction des résultats que l’on obtiendra, on sera évidemment amené à faire des adaptations sur tout un tas d’aspects. C’est aussi en faisant des erreurs que l’on apprend !
Les premières plantations
Nous avons entamé une grosse plantation entre l’automne et l’hiver 2020-2021. Avec les confinements successifs, nous avons surtout planté fin d’hiver. Il nous paraissait important de planter rapidement pour que les plantes puissent profiter d’environ 2 années avant notre arrivée. Ceci permettra à certaines espèces d’être productives à notre arrivée.
Les grands fruitiers greffés sur francs eux mettront au moins 5 ans pour rentrer en production. Nous avons planté environ 250 arbres et arbustes pour la plus part comestibles (fruitiers, petits, fruits, plantes perpétuelles, fixateurs d’azote, plantes mellifères et grimpantes comme des vignes, kiwi, kiwai…). A savoir que nous avons déjà 2 grands noyers et des fruitiers redevenus sauvages, signe d’anciens vergers !
Les arbres et arbustes sont maintenus par des poteaux en bois afin d’être maintenu le temps de leur croissance. Le vent peut parfois être présent et la neige assez épaisse ! Le trou de plantation a été effectué à la main. Nous avons ajouté un peu de terreau à chaque trou ainsi qu’un peu de cornes broyées et de poudre de mycorhizes. Concernant la logique générale, nous avons fait en sorte de mettre les plus grands arbres en hauteur et donc côté nord afin que les plantes de devant profitent du soleil. Les pieds des végétaux ont été abondamment paillés et nous remettons de la paille dès que nécessaire. Nous mettons également de la tonte lorsque nous tondons. A la plantation, un arrosage a été effectué et nous veillons sur la pluviométrie pour, au besoin, aller arroser via une cuve de 1000 litres que nous stationnons en haut sur le chemin. L’eau que nous récupérons d’une source descend alors par simple gravité dans un long tuyau.
Choix des végétaux
Pour le choix des végétaux, nous nous sommes largement inspiré des deux ouvrages listés en haut de l’article et des découvertes sur les vidéos de Youtubeurs tels Damien Dekarz ou la Petite Ortie dans la prairie. N’hésitez pas également à aller faire un tour sur la chaîne de l’incroyable projet de La Forêt Gourmande
Le choix de nos végétaux est disponible sur ce lien Google Drive et il reprend tout ce que l’on a planté sur cette première session plutôt intense il est vrai ! Le tout a été planté sur 3 gros week-end, autant dire que nous n’avons pas fait semblant !
Je ferai un retour avec le temps pour vous dire ce qui a fonctionné ou non. Nous avons acheté sur différentes pépinières en fonction de ce que ces dernières offraient comme végétaux. Nous nous sommes concentrés surtout sur les plantes classiques et efficaces comme les cerisiers, pommiers etc et quelques raretés comme le pommier Kazakh ou l’Asiminier. Cette première salve représente un investissement certain et nous surveillerons bien évidemment la pluviométrie sur les deux premiers été. Cet été 2021 semble pour l’instant frais et humide ce qui est le bienvenu !
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